Bien arrivés à DJIBOUTI

 

Boutres au mouillage à Djibouti


Nous avons entrepris cette traversée avec, tout de même, une légère appréhension par rapport aux risques de piraterie. Dans les faits tout s'est vraiment bien passé et nous sommes heureux d'être arrivés à Djibouti

retour aux Maldives,

Lundi 15 février  j’ai rendez-vous à 8h dans le port avec ASSAD, notre « agent » qui doit me livrer les deux pains demandés il y a 5 jours, ainsi que des bananes et des tomates.

Bien sûr, il m’a oublié et il arrive à 8h15 avec deux pains, mais sans banane ni tomate. Difficile le service aux MALDIVES !


Puisque nous n’avons pas remonté l’annexe hier comme prévu, j’en profite pour aller faire une dernière apnée sur une patate de corail repérée avant-hier. Il y a plein de poissons de récifs de belle taille, mais les coraux, là aussi, sont morts à 90% !

Nous remontons ensuite l’annexe sur le pont avant, la dégonflons, la retournons et l’amarrons solidement. Elle va juste entre le balcon de pied de mât et l’étai de trinquette, et c’est là qu’elle est la moins gênante. Une annexe à fond rigide c’est super pour le service au mouillage, surtout quand il y a du clapot, mais c’est vraiment encombrant à stocker durant les traversées.

Une dernière baignade et nous serons prêts à mettre en route. Anne Marie de « POLLEN » qui est médecin, viens nous voir en kayak pour une petite auscultation de Solange avant le départ ; tout va bien, nous pouvons appareiller !  Ceci dit, les autorités locales nous ont très sérieusement remis un certificat sanitaire pour le bateau, attestant de la bonne santé de l’équipage, sur la foi de ce que l’on a bien voulu leur déclarer et d’une prise de température à notre arrivée !

Nous avions imaginé partir à 9h et c’est vaillamment à 11h30 que nous relevons le mouillage. Mais nous partons pour 1850 milles, soit une quinzaine de jours, nous ne sommes pas à quelques heures !

Démarrage par petit temps

L’envoi de la grand-voile est un peu cafouilleux car le taud de grand-voile s’est coincé dans une des poulies de ris automatique.  Nous devions refixer le taud durant l’escale, mais l’opération est un peu lourde, et nous avons préféré privilégier le repos. La négligence est immédiatement sanctionnée !

Petit temps léger pour démarrer avec une mer calme et un vent de 6 à nœuds. Nous sommes à 70 – 80° du vent et sous grand-voile et génaker nous marchons tout de même entre 4 et 5.5 nœuds, pas si mal. Hélas en début de nuit le vent mollit et il faut mettre au moteur pour ne pas entendre les voiles claquer en tous sens ! C’est usant pour les nerfs du captain, et pour le matériel ! Les fichiers météo nous laissent voir que le vent devrait être de retour pour demain milieu de journée. Nous ferons en effet 18h de moteur avant de retrouver la brise ! C’est long !

Après cet épisode moteur, le vent revient, variant du nord au nord-est entre 8 et 18 nœuds. Génois, génaker, spi, un ris, pas de ris… nous manœuvrons pour avoir toujours la « toile du temps » dans des conditions vraiment facile de beau temps et une mer vraiment peu formée.

Deux jours après notre départ d’Uligamu, c’est « Saint mi-chemin » ! Nous avons couvert la moitié de la distance entre Phuket et Djibouti. C’est une tradition que nous respectons depuis notre voyage sur « ALIBI ». Repas de galas : cuisses de canard et pomme de terres sautées arrosée de la dernière bonne bouteille du bord, en l’occurrence un Mercury 1er cru. Crème de marron et palais Breton en dessert !

Calamar égaré
Je prends le 1er quart de 20h à 23h puis Solange fait 23h 2h, et ainsi de suite toutes les 3h. Nous avons démarré avec la lune montante ce qui nous permet d'avoir une nuit de plus en plus éclairée. Un soir durant mon 1er quart j'entends un " splash" à côté du bateau, caractéristique des dauphins. Je vais aussitôt à l'étrave. Ils sont trois à jouer juste sous l'étrave, parfaitement éclairés par la lune qui met en valeur l'écoulement des filets d'eau le long de leurs corps grâce à un peu de plancton fluo. L'un des trois est juste sous le brion, puis il accélère franchement, va faire une cabriole devant le bateau puis revient se ranger à côté de celui qui a pris sa place sous le brion. Le spectacle est fascinant; voilà pourquoi nous allons en mer!  Cela dure environ 20 à 25 minutes avant que mes visiteurs se lassent. Je suis assis dans le balcon avant en maillot de bain, et pour la première fois depuis longtemps, je m'apperçois que j'ai froid!
Malgré un temps assez léger nous marchons à bonne allure et après 5 jours et demi de navigation, nous entrons dans la « HRA » High Risk Aera, qui s’étend du quart sud de la Mer Rouge jusqu’à 60° de longitude est en Mer d’Arabie. Jusqu’à Djibouti, nous avons donc 1000 milles à parcourir dans cette zone dont 500 dans un chenal de sécurité patrouillé en permanence par des navires de guerre et des avions de reconnaissance maritime.

Patrouilleur Français, plaisir de  parler notre langue!
Pour cette traversée, nous nous sommes fait enregistrer auprès du MSCHOA ; Maritime Security Center Horn Of Africa, organisation multinationale de surveillance de la zone Mer Rouge, Golfe d'Aden et Mer d’Arabie.  Depuis le sud du Sri Lanka nous devons faire notre « Daily position report » chaque jour par l’Iridium pour être suivi par la force maritime internationale. Nous constaterons dans le golfe d'Aden que le boulot est fait avec sérieux puisque nous serons contacté en vhf par un patrouilleur Japonais qui nous a détecté à l’AIS, puis par le patrouilleur Français F714 qui passera à quelques centaine de mètres en allant assister un voilier Italien en panne de gas-oil. Nous sommes aussi survolés chaque jour par un avion de patrouille maritime.  Bref, nous sommes bien surveillés.

De paisibles pêcheurs, mais...
Nous aurons malgré tout deux moments d’émotion. Nous sommes encore dans l’océan Indien, à la limite de la mer d’Arabie, je suis de quart en fin d’après-midi, petit temps au largue sous spi à 5 nœuds quand je vois un boutre sur mon bâbord en route de collision. Dans ces zones on n’aime pas bien cela, aussi je démarre le moteur et je borde et nous passons au bon plein à 7 nœuds. Le boutre accélère un peu et modifie  sa route pour rester en route de collision. Il est à environ 300m et je vois parfaitement 5 gars qui gesticulent sur le pont. Il se rapproche doucement et finissent par arriver sur notre arrière bâbord. A première vue ils ne sont pas armés, ce qui est quand même bon signe ! En fait ils demandent des cigarettes ! Désolé, nous n’en avons pas ! Ils font demi-tour et repartent de là où ils sont venus ! Ouf !

Deuxième émotion à la sortie du rail de sécurité, le vent revenu nous fait tirer un bord de grand largue vers la Somalie. Solange est de quart à la tombée de la nuit  et  croise une barque ouverte très puissamment motorisé. A 200 m sur notre arrière ils font demi-tour et reviennent à toute vitesse sur nous. Pas le temps de prendre l'iridium ou de faire quoi que ce soit. Solange a, à peine le temps de me réveiller. Arrivés sur notre travers bâbord ils nous montrent du poisson et nous demande si nous voulons acheter. devant notre refus, ils repartent aussi vite qu'ils sont venus...  

Nous arrivons à Djibouti le dimanche 28 à 10h du matin, après 13 jours de mer pour 1856 milles mais 2.5 jours au moteur dans le rail de sécurité avec une pétole totale.

Test PCR obligatoire à bord. Nous attendons le médecin 24h. Nous n'aurons les résultats et donc le droit de débarquer, puisque nos tests sont négatifs que le mardi midi. Nous nous reposons un peu et occupons notre temps en bricolage. Ensuite port captain, immigration pour le visa, distribanque, carte sim, quelques courses... la journée est passé. 

Taxi; celui ci est quasi neuf
Ensuite gas-oil au bidon et en taxi pour 400l, recharge de gaz à l'usine à 10km de là, marché... tout prend beaucoup de temps.

A terre c'est franchement le bazar, c'est sale, c'est braillard, fort en odeur (mauvaises), tout se marchandes, mais c'est grouillant de vie, c'est chaleureux, c'est coloré, c'est fort en odeur (bonnes), bref c'est l'AFRIQUE et on aime! Les taxis verts et blancs (véhicules asiatiques) hors d'age et déglingués à souhaits ne refusent aucune course même avec les bidons de gas-oil dégoulinant, mais nous ne savons jamais si nous arriverons au bout de la course.

Au super marché Géant Casino on trouve tout comme en France, au prix Français, sauf que les fruits et légumes sont franchement pas frais! Mais qu'à cela ne tienne le marché est riche, avec des beaux produits d’Éthiopie à prix Africain, en plus avec le sourire de la marchande et toujours un petit cadeau!

Marchands de fruits et légumes

Actuellement nous sommes en saison fraiche 28 à 30°, très supportable, loin des 40à 45° que nous avions connu en septembre 91. Djibouti s'est beaucoup développé autour de son port avec ces gigantesque terminaux à containers. Seul port sérieux de la région. C'est le port de l’Éthiopie avec une ligne de chemin de fer toute neuve payé par les Chinois qui double celle faite par les Français à la fin du 19ème siècle. Cela amène manifestement une certaine prospérité et il y a plein de quartiers neufs avec des immeubles d'affaires et de belles villas qui jouxtent les bidons-ville des réfugiés.     

Le temps passe vite et nous n'avons pas eu le temps pour du tourisme, tout de même très très limité en république de Djibouti.

Mais il y a un bon créneau météo qui s'annonce pour le sud mer Rouge, nous n'allons donc pas trainer. 


rue où passent les bus, et les taxis

sur cette même rue

Les cordonniers

bien vivante cette place

panne de brouette

Que fait il?  il cire des chaussures

l'étal qui nous a séduit pour nos vivres frais

vue du taxi

L'arrivée au port de pêche, où nous débarquons et embarquons


Commentaires

  1. Trop content que la traversée se soit bien passée !

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  2. Que d''évènements!!! moi j'aurais eu un peu "la trouille" quand même!! Mais, bon, vous êtes passés et bien arrivés à bon port. C'est le principal. Bonne route pour Port Saïd. Bisous
    Fred et Dom

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  3. Bonsoir Solange et Marc
    Content de voir que tout c'est bien passé, merci pour le récit et les photos, bonne continuation.
    Bisous a vous deux.

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  4. Merci pour ce reportage ! Que votre route soit sereine jusqu'à la prochaine escale ! Et faites plein de photos ! Impatient de lire la suite ! Bises

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  5. Ravie de lire la suite de votre périple et de savoir que tout se déroule bien! Bonne remontée de la mer rouge. Bisous Amélie

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  6. Salut les amis, bravo pour la pertinence de vos commentaires et photos, si représentatives de la différence entre nos deux "mondes". Très belle performance rédactionnelle pour ce reportage qui m'a bien fait planer, on a l'impression de faire partie de l'équipage et du voyage. Extra...

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  7. Ouf, contente de vous savoir arrivés à Djibouti. et c'est vraiment bien raconté. Je constate que certains repas st dignes d'un bon resto!!! et on attend la suite..... bisous. Agnès

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  8. Ravis d'avoir de vos nouvelles et de vous savoir en bonne forme. On pense bien à vous. Grosses bises

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  9. Toujours aussi passionnant mais non sans danger !!! Nous vous trouvons vraiment courageux et toujours aussi curieux des autres !!!Vous faites encore partis des vrais aventuriers !Bravo mais surtout prenez soin de vous et gardez cette sérénité qui semble bien vous protéger !!!
    Bonne chance 🍀 🍀 pour la suite et des milliers de bisous havrais !Monique & Patrick

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