MER ROUGE

 

Détroit de BAB EL MANDEB

Pierre et Gilles, nos équipiers sont arrivés comme prévus samedi 6 mars. Nous espérions avoir terminés les pleins de vivres, gas-oil, gaz… mais vu la lenteur avec laquelle nous faisons les choses ici, nous sommes loin du compte.

Aussi après un petit déjeuner, nous les laissons se reposer et sautons dans un taxi, après avoir négocié le prix, pour aller rechercher notre bouteille de gaz. L’après-midi petit tour tous les quatre au supermarché Casino pour prendre des dollars et faire de l’avitaillement.

Dimanche nous nous divisons en deux bordés ; Solange et Gilles chez Leader Price et Pierre et moi pour terminer le plein de gas-oil. Nous trouvons un taxi déglingué qui veut bien nous emmener à quatre    (après palabres)  avec nos bidons. Nous laissons Solange et Gilles devant le magasin et nous mettons à la recherche d’un distribanque. Celui que l’on trouve est en panne et j’en cherche un autre à pied. Un gars me guide mais me réclame vite 1000 Fdj pour son aide ! Pendant que j’étais parti le taxi a calé, et bien sûr ne redémarre pas.   Le chauffeur soulève le capot, interpelle un passant pour avoir de l’aide. Il se remet au volant, donne ces instructions au passant et, miracle la guimbarde redémarre ! Inutile de dire qu’à la station le chauffeur ne coupe pas le moteur. Bref, nous finissons enfin notre plein de gas-oil (400l par tournées de 100l).

Rangement de l'avitaillement
Solange et Gilles nous rejoignent en fin d’après-midi, l’avitaillement nous sera livré demain lundi !

 Lundi c'est le jour ou nous espérions partir pour profiter au maximum du vent de secteur sud. Mais il reste les vivres frais à acheter, l'article du blog à finir, les formalités de sortie et l'annexe à ranger!

Après avoir chargé la livraison du Leader Price, Solange, Pierre et Gilles vont au marché pendant que je m'occupe du blog. L'après midi formalités et rangement de l'annexe. 

Nous partons finalement mardi matin de bonne heure au moteur pour sortir du golf de Tadjoura. Le vent se lève doucement de l'est et nous voilà au près tout tranquillement. Cela forcit un peu dans la journée au fur et à mesure que nous abattons pour nous diriger vers le Détroit de Bab-el-Mandeb, porte d'entrée de la Mer Rouge. La cadence monte avec le vent et nous nous retrouvons au couchant à tirer des bords de grand largue à neuf - dix nœuds pour franchir le détroit. Entre la côte d Eritrée et le rail des cargos nous avons une bande de deux milles, le côté Yémen étant infréquentable. Ça s’élargit ensuite à 5 milles, mais la nuit va être studieuse , aller mettre le bateau sur le reef ne ferait pas propre et chez les cargos nous ne serions peut être pas trop bien accueillis!

Cibles ais autour d'ORZA
La veille au cargos sera vraiment la plus grande préoccupation, mais l'ais est vraiment un fabuleux outils. Nous aurons jusqu'à une quarantaine de bateau à l'écran, mais pourrons toujours anticiper notre route , nos virement pour ne pas gêner et ne pas être gêné! De plus comme les navires marchands nous repère de loin, un certain nombre n'hésite à changer de route de quelques degrés pour faciliter les croisements   

Nos premières 24h sont gratifiées de 192 milles parcourus, le captain est content. Nous continuons au portant dans du vent mollissant mais ça marche toujours pas mal et les 3 premiers jours au portant nous voient couvrir le tiers de la route. Globalement nous aurons un tiers de portant, un tiers de  variable et un tiers de près avec juste deux fois 24h de vent fort. Solange et moi saluons le premier coup de vent fort de nord nord ouest, 35 nœuds, 3 ris et trinquette par un mal de mer passager 😟! Voilà bien longtemps que nous n'avions connu ça! La température c'est aussi franchement rafraichie et nous avons ressorti pantalons, polaires et cirés!

                                     27- 28 nœuds de vent, en route sous deux ris trinquette!

 Pendant la traversée Maldives Djibouti nous avions une une frégate sur la tête de mât durant une nuit, cette fois c'est une petite hirondelle qui arrive au matin et se pose sur le pont, complétement épuisée. Elle n'est vraiment pas farouche! Nous lui donnons de l'eau mais elle ne prend rien et mourra quelques heures plus tard. 

Si non, très peu de vie, à part les poissons volant et quelques visites de dauphins, mais jamais très longues. Ils sont à la chasse et ne se laissent pas trop distraire par ORZA.

La navigation est beaucoup plus tranquille que lors de notre remontée en 1991 durant laquelle nous étions au près dès le détroit de Bab-El-Mandeb. De plus avec Pierre et Gilles en renfort, les quarts sont beaucoup plus espacés. seulement deux fois 3h par 24h. Solange 20h à 23h, Pierre de 23h à 2h, moi de 2h à 5h et Gilles de 5h à 8h. Petit déjeuné commun vers 8h30 et la journée s'enchaine sur le même rythme. Facile!!!

 

Mouillage au nord de SAFAGA
Lors du deuxième coup de vent avec 35 nœuds, il y a un lazy-jack qui se sectionne et le easy-bag pend lamentablement. je décide donc de relâcher sur un mouillage au nord de l'ile de SAFAGA. Cela nous permettra aussi de laisser passer le coup de vent avant d'entrer dans le golf de Suez. 

Nous restons une journée et demi sur le mouillage. Outre le lazy-jack, je remet une courroie neuve sur la pompe hydraulique (toujours un gros boulot) et faisons divers petits bricolages. Le 2ème jour le vent se calme et il fait bon. Nous en profitons pour nous baigner une dernière fois dans une eau fraîche mais supportable; nous savons bien que de l'autre côté du canal elle sera glaciale! 

Le mouillage de l'ile Schaker
Nous remettons en route samedi 20 mars au matin. Contrôle de la marine Égyptienne au sortir de la baie, cool et tranquille, puis route travers sous génaker jusqu'à ce que la poulie de drisse nous lâche. Nous continuons sous génois. De toute manière le vent refuse et nous nous retrouvons au près, puis au moteur avec le vent qui tombe. Nous allons au mouillage sous l'ile Shaker juste à l'entrée du golf de Suez. Au fur et à mesure que nous approchons, le régime moteur varie, symptôme d'un filtre à gas-oil obstrué. Des amis nous avaient mis en garde contre la mauvaise qualité du carburant à Djibouti, et apparemment nous n'y avons pas échappé. Nous arrivons à la nuit tombante et le moteur cale quand je passe au ralenti pour mouiller. Nous verrons tout cela demain!. 

Golf de Suez
Le lendemain Gilles grimpe au mât pendant que je met les mains dans le gas-oil. En haut c'est juste la manille qui s'est desserrée, et dans la cale moteur le préfiltre est moitié plein d'eau! Mise en place d'un préfiltre neuf, réamorçage et c'est reparti, nous relevons le mouillage à 9h. 

Nous remontons les 150 milles du golf de Suez moitié au moteur, moitié à la voile entre près et grand largue dans du petit temps variable avec multiples manœuvres pour slalomer entre le rail montant, les plateformes de forage et les navires au mouillage dans une bande de mer qui ne fait quelques fois qu'un demi mille de large. Une fois de plus l'ais est d'une aide précieuse!   

Durant la remontée du golf nous avons plusieurs contact vhf avec suez canal autorité pour contrôle.

Mouillage au yacht club de Suez
Nous sommes à nouveau contacté en approche de Suez. L'Anglais à la vhf n'a jamais été mon fort mais là, le gars a un accent rocailleux vraiment difficile. Je fini par comprendre qu'il m'assigne le poste de mouillage "Echo 4" que, bien sûr je ne trouve pas sur ma carte. Avec une position en longitude latitude, tout s'arrange, mais une fois sur place nous constatons qu'il y a 15m d'eau, 2 milles de fetch au nord et 100 milles au sud! Je refuse catégoriquement de prendre un tel mouillage qui n'assure pas notre sécurité, et Suez canal autorité nous enjoint de rejoindre le yacht club où nous arrivons lundi 22 mars à 17h après 13 jours d'une navigation plutôt agréable dont 2 au mouillage! Rien à voir avec les 21 jours mis avec Aldébaran en 1991!

Notre agent nous attend et nous informe immédiatement d'une mauvaise nouvelle. De Djibouti j'avais demandé un devis pour le passage. Le total s'élevait à 900€ tout compris dont une taxe transit équipage de 60$. Mais hélas il y a eu une augmentation, cette taxe est passée à 935$!!! Oups!!! Il est désolé, mais n'y est vraiment pour rien. 

Captain Heeby "Prince of the Red Sea"
Si nous sommes ok formalité sanitaire et jaugeage du bateau demain et passage mercredi matin. S'il nous faut du gas-oil livraison demain aussi à 1.20$ le litre (il coute 0.43$ à la pompe). Ba oui, il nous en faut 300 litres. Bref coût total de l'affaire 1980$ à payer immédiatement, à moins que nous préférions repartir...Vu les choix possibles, nous payons. Ce brave captain Heeby est tout de même très sympa car le lendemain il nous offre 4 gâteaux

J'ai bien fait de refuser le mouillage de la zone d'attente car dans la nuit le vent forci du sud et mardi matin il y a 35 nœuds établis avec rafales entre 40 et 45. Malgré cela nous voyons entrer vers 7h30 deux grands porte-containers , un Evergreen suivi d'un Maersk. Vu les conditions, nous les trouvons un peu "joueurs"  et nous nous posons quelques questions sur la manœuvrabilité de tels mastodontes dans un canal de moins de 200m de large.   Une demi-heure plus tard l' Ever Given est planté le nez et la poupe dans le sable! C'est là que nous regrettons de nous être attardés.

Tout est beige!

Nous avons profité de ce coup de vent pour leur voler plein de sable du Sinaï! Nous en avons pris plein le pont d'ORZA! Pas seulement sur le pont d'ailleurs, il y en a sur la face avant du mât, sur les haubans dans la grand voile, sur les panneaux solaires...partout! Suite à quoi le marin du yacht club nous a tout de même accordé le droit d'aller nous amarrer l'arrière au ponton pour laver le bateau.

Les bateaux s'accumulent très vite et bien sûr nous ne sommes pas prioritaire pour le passage donc nous attendons. Nous n'avons pas de visa, et pas de test covid donc pas le droit de débarquer. Si nous voulons faire le visa et le test, coût pour l'équipage 700$! La bouée d'amarrage est obligatoire à 30$ la nuit sans aucun service. Quand nous essayons de négocier sur le fait que nous ne restons pas par choix et que vu les circonstances nous demandons une remise, le manager nous répond que ce sont les règles du canal et que si nous ne sommes pas satisfaits nous pouvons toujours repartir pour aller passer Bonne Espérance. L'internet est à 50$ par mois, sans phonie WhatsApp. Pour les vivres livrés à bord, ils "confondent" le montant des achat en  livre égyptienne avec le remboursement de ce total en euros. Ça change la donne et dans un pays où le salaire moyen n’atteint pas 200$ par mois!!! Bref le "plumage" de l'étranger de passage est une affaire bien organisée! 


Notre livreur de légume

Mais au moins le petit grand père qui vient, nous livrer à la rame avec une barque hors d'âge, les fruits et légumes est vraiment sympa et agréable., et sa marchandise est de très belle qualité.

Nous en avons profité pour faire quelques bricolages qui trainaient, nous lisons, faisons quelques jeux de société et depuis la reprise du trafic, tels les vaches qui regardent passer les trains nous regardons passer les bateaux...Mais soyons honnêtes, même si nous faisons contre mauvaise fortune, bon cœur, après 12 jours au mouillage, nous commençons sérieusement à trouver le temps long! D'autant plus qu'il fait froid, 18 à 20° avec le vent le ressenti est plus froid en journée et 9 à 11° la nuit. Nous fermons donc vers 17h le cockpit avec la toile prévue pour l'Alaska, car, pour nous qui avons vécu un an et demi avec des températures entre 25 et 35°, c'est glacial! Nous avons aussi ressorti couette et pyjama!

"On regardait passer les bateaux..."



 

 

 

 

 

 

 

 

Aux dernières nouvelles nous devrions quitter Suez dimanche matin, passer une nuit à Ismailia et sortir lundi après-midi de Port Saïd, direction Héraklion en Crête. 

Rebondissement aujourd'hui samedi, pas d'ordre de passage pour les petits bateaux. A voir demain....

Après, l'accueil en Europe sera une autre aventure.... 

                                                                                   

Bienvenu à bord pour Pierre et Gilles


Au largue, ça déboule 9 à 10 noeuds








Bien longtemps que le ciré était sorti!












Ca mollit, à envoyer le génaker.

 
 
   Rencontre avec un pétrolier
 
 
Pierre à la veille

 










Mouillage à Safaga








Mouillage à Safaga


Un pont bien salé

 
 
Mouillage à Safaga
 
Gilles en tête de mât

 
Marc les mains dans le gas-oil

 
Plateforme pétrolière, golf de Suez

 

 
Pêcheur golf de Suez

 
Chargement des 300l de gas-oil

 










Le marchand de légume préféré de Solange


L'avitaillement livré à la rame
  
Pain Egyptien











    

Excellente surprise; des fraises!



Verglas? Le camion est en travers




Ça fait un peu jouet d'enfant!











le 1er bateau à sortir après 6 jours de fermeture!


CMA CGM Champs Elysées, propulsé au gaz
                                                         399m de long,  61.40m de large,  216000T et 23000 evp!
                                     






Commentaires

  1. Merci pour ce beau reportage, on s'y croirait ! Et cela complète bien les commentaires "en direct" de Pierre ... Allez, avant que les moules ne s'accrochent à la coque, on vous souhaite que lundi ou mardi prochain ce soit l'heure d'un nouveau départ et de l'entrée en Méditerranée. Bises à vous 4. Catherine

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  2. Merci pour ce nouveau récit
    L’histoire du canal de Suez est passé en boucle aux infos je ne dois pas être la seule à avoir pensé à vous
    Bon passage de Suez et à bientôt en Europe bises MBerthe

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  3. La méditerranée vous attend. Dépêchez vous le temps est en train de se refroidir. A bientôt.

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  4. Il me semblait bien vous avoir vu prés du bateau à la TV!!! Encore merci de nous faire vivre cette aventure, on attend la suite mais maintenant, cela devrait aller et les beaux jours arrivent pour la suite. Bisous. Agnès

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  5. Coucou, je vous vois en direct par vesselfinder, marinetraffic, arriver à Rhodes, où vous serez, j'espère, bien à l'abri pour le coup de vent qui vient!
    Grosses bises
    Anne

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  6. Oui effectivement nous aussi pensions beaucoup à vous !!!Dantesque ce contre temps !!!
    Bon courage à tout l’équipage,bonne chance 🍀
    Le plus difficile semble avoir été accompli !
    Mille bisous havrais ensoleillés

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  7. Coucou Marc et Solange, j'espère que tout va bien et que vous êtes bientot rentrés . JE regarde souvent le site et pas de nouvelles......Faites nous un petit coucou... Bises. Agnès.

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